Ca ne faisait que quelques semaines que j’étais arrivée à Mopaya Safari Lodge dans la Réserve Naturelle de Balule. Travailler dans le Greater Kruger National Park était un rêve devenue réalité. Alors que je découvrais Doreen, partie de Balule longeant l’Olifant River, nous avons fait une rencontre pour le moins… Insolite.
Depuis Doreen je suis capable de voir Ngala Camp de l’autre côté de la rivière, le camp où j’ai fait quelque uns de mes entrainements pour devenir guide, une des raisons pour lesquelles j’aime tellement cette partie de la réserve. La végétation est dense, verte toute l’année, il y a de l’eau en abondance et donc un grand nombre d’éléphants, de cobes à croissant mais aussi une multitude d'oiseaux aquatiques. Cet endroit est tellement riche. On y trouve entre autres un grande variété de guêpiers, oiseaux insectivores hauts en couleurs, incluant ceux à front blanc, qui utilisent les murs de sable verticaux longeant la rivière pour y creuser leurs galeries et y faire leurs nids.
Mon collègue Zeze et moi observions donc ces oiseaux en particulier, que je cherchais à photographier depuis des mois, non loin du phuza spot sur Crocodile Road, quand il me signala la présence d’un rapace imposant au sommet du koppie voisin. Ni une ni deux et nous voici armés de nos jumelles. Notre ami à plumes n’était autre qu’un jeune aigle martial, la tête encore parsemée de plumes blanches qu’il troquera bientôt pour une face totalement brune lorsqu’il arrivera à maturité.
Soudain l’oiseau prit son envol et plana dans notre direction se rapprochant de plus en plus jusqu’à se poser violemment à droite de notre véhicule, dans les buissons, laissant s’élever un large nuage de poussières. Les autres oiseaux hurlaient en présence du prédateur et commencèrent à adopter un comportement appelé « mobbing » où les volatils, toutes races confondues, se rassemblent pour chasser un ennemi commun. L’aigle, ignorant ses opposants, se mis à marcher, ailes redressées vers le ciel, les serres pleines d’une pauvre victime, un francolin huppé qui se trouvait là un peu plus tôt avec un congénère. Le survivant du malheureux duo commença à hurler à pleins poumons, démontrant son courage et son instinct de survie en se confrontant, à sa manière, au chasseur qui fut forcer de fuir pour manger son butin en paix sur un arbre voisin. Nous étions aux premières loges pour ce magnifique et excitant sighting.
L’aigle martial est en lui-même un oiseau de proie imposant et très impressionnant à observer alors avoir le privilège d’être spectateur d’un tel évènement est extrêmement rare ! Nous étions vraiment chanceux. Nous sommes restés sur place pendant 30 petites minutes, ce ne fut pas de trop pour apprécier ce qu'il se passait sous nos yeux.
Une mise à mort est toujours quelque chose empli d’émotion, de la tristesse pour certains, de l‘excitation pour d’autres, … Tout dépend de notre vision et interprétation des sentiments animaux et de notre niveau personnel d’anthropomorphisme… Il faut simplement se rappeler qu’il s’agit de la nature, l’être humain n’intervient pas dans ce cas de figure. Les animaux sauvages nous présentent alors leurs plus impressionnants comportements en termes de survie dans leur environnement naturel.
Peu importe notre point de vue vis-à-vis d’un tel sighting il faut le voir comme un privilège, nous sommes les invités de Mère Nature, et encore une fois cette dernière nous a fait un cadeau incroyable avec ce magnifique rapace.
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